Vivre une vie extrême No.34 - Journaux intimes de Monsieur Yamano

Mardi 25 décembre 2001. Noël

J’exalte le Seigneur Jésus qui est né parmi nous. Je rends grâce au Seigneur Jésus de m’accompagner dans la vie.

Au déjeuner, on m’a servi une cuisse de poulet rôtie et un gâteau aux fraises comme tous les ans le jour de Noël. Joyeux Noël ! Beaucoup de mes amis m’ont écrit des cartes de vœux et m’ont gâté de cadeaux. Je les remercie tous sincèrement. Que l’amour de notre Sauveur Jésus vous remplisse abondamment ! Amen.

Aujourd’hui, Madame S. et ses amis rendront visite à l’église de Nigawa, dans la ville de Nishinomiya. Ils distribueront aux paroissiens des tracts sur la réouverture de mon procès, au sortir de la messe. Que le Seigneur bénisse leur démarche !
Le Père M., qui était à rendre visite à la Maison et célébrer la messe avec moi, s’est excusé à cause de son état de santé. J’ai prié pour sa convalescence. Dans la soirée le Père a donné un coup de fil à l’administration de la Maison et laissé un message à mon intention, m’a fait savoir un sous-chef du service d’éducation. Je me suis réjoui qu’il avait recouvert sa santé et allait aussi bien qu’il pouvait parler au téléphone.

Jeudi 27 décembre 2001

Comme préparatifs d’une modeste fête du nouvel an, j’ai changé de couvertures de matelas et de drap (propriétés personnelles) et données pour la lessive. Ce qui m’a fait dispos. Le personnel de la Maison va avoir congé du 29 décembre au 3 janvier, et tous les services s’arrêteront. Pour moi c’est pratiquement une hibernation qui va durer jusqu’au 7 janvier.

Je voudrais exprimer mes sentiments de remerciement à toutes les personnes de bonne volonté, d’un cœur tendre et remplies de belles intentions, qui ont bien voulu m’apporter du réconfort. Surtout à ceux qui ont pris part au redémarrage du groupe de soutien et à son développement. Leurs démarches m’ont permis de déposer un appel pour la réouverture de mon procès.

L’année prochaine je concentrerai mes efforts à faire rouvrir mon dossier. Je répondrai ainsi au Seigneur Jésus et à mes amis, ma famille et mes proches. Je prie pour vous tous que l’année à venir vous apporte santé et joie.

Vendredi 28 décembre 2001

Vers 9 heures et demi, Maria m’a rendu visite. Je la remercie de ne pas manquer la dernière entrevue de l’année. Elle m’a parlé du travail de notre fils aîné, et de tout ce que Madame S. avait fait pour lui. Je la remercie vivement pour lui. Nous avons prié ensemble pour toutes les personnes de bonne volonté qui nous avaient apporté réconfort inestimable, à moi et à ma famille.

J’ai appris dans des journaux qu’il y avait eu deux exécutions hier, l’une à Tokyo, l’autre à Nagoya. Monsieur A. à Tokyo, à 67 ans d’âge, avait passé cinq ans dans les couloirs de la mort. Il avait reçu la sentence de mort définitive un mois après que j’avais reçu la mienne. Monsieur H. à Nagoya, à 51 ans d’âge, il y avait passé huit ans. On avait exécuté le coauteur de ses affaires il y a trois ans.
J’étais en correspondance avec M. H. pendant un certain temps et plusieurs parmi les membres de mon groupe de soutien le connaissaient. Il s’était converti chrétien dans une église protestante. Il avait déposé des appels pour la réouverture de son dossier et des demandes d’amnistie. Un des proches de la famille de sa victime s’était exprimé contre l’exécution de M. H.

Quant à Monsieur A., on dit qu’il n’avait entamé aucune démarche de défense. M. A. a été exécuté à la cinquième année depuis la sentence définitive, précédant les autres condamnés à mort qui avaient reçu la sentence de mort définitive avant lui. On se doutait de l’imminence de son exécution puisque le coauteur de ses affaires avait été exécuté.

Ces exécutions ont eu lieu au jour de la première audience d’un prévenu inculpé des meurtres commis à l’école primaire d’Ikeda (préfecture d’Osaka). Le Ministre de la Justice avait choisi un moment propice à l’exécution où l’opinion publique accepterait volontiers le maintien de la peine capitale.

Ce dernier temps on compte un nombre croissant des sentences de mort prononcées. Les mesures anti terroristes prises par les gouvernements dans le monde entier tendent à occulter la vérité sur la peine de mort et la guerre.

J’ai bien compris cette fois aussi. Le gouvernement et le Ministre de la Justice japonais se moquent totalement du courant universel qui tend à abolir la peine capitale, et s’obstine dans sa position de la maintenir. Ils n’ont pas voulu laisser s’écouler une année jusqu’alors sans exécution. Hommes politiques, fonctionnaires, tous dans ce pays sont d’accord pour le maintien de la peine capitale. A assister à cette bassesse de l’esprit, je n’ai plus que de soupirs. Il y a pourtant des gens de bonne volonté qui veulent l’abolition de la peine de mort.

Jeudi le 31 décembre 2001

Vers 8 heures et demi de matin j’ai pris mon dernier bain de l’année. On avant mis de l’essence de bain dans la baignoire. Avec le petit-déjeuner, on m’a servi du gâteau, du lait au goût de fraise et des biscuits de riz. Le dîner a été un bol de nouilles de sarrasin, un produit instantané, agrémentées de beignets tempura.. « Des nouilles du dernier jour de l’année », dont on sert à la fin de l’année avec un souhait de longévité.

Beaucoup de choses se sont passé cette année qui s’écoule. J’ai reçu trois petits-enfants. L’association a accueilli beaucoup de nouveaux membres, et ses démarches ont pris un tour neuf et vigoureux. J’ai déposé un appel demandant la réouverture de mon dossier. Une année fructueuse.

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