Vivre une vie extrême No.40 - Journaux intimes de Monsieur Yamano

Mardi 30 juillet 2002

M. S. m'a offert la copie d'un article paru dans le "New York Times", le 30 juin, dans lequel le journaliste dénonçait comment la peine de mort au Japon est cruel. Les condamnés à mort y sont privés de toute liverté, de tout moyen de communication avec l'extérieur, et dans l'isolation, ils sont tués subitement un beau matin, sans être prévenus et en secret. Le journaliste critique cette pratique comme inhumaine et violant les droits de l'homme. D'après lui, on ne trouve de traitements pareils nulle part ailleurs dans le monde.

D'où viendrait qu'un État puisse continuer à exécuter les condamnés à mort avec un tel sang-froid? La manque d'humanité et la cruauté des bureaucrates japonais sont-ils à l'origine du maintien de la peine de mort? Ils ne manquent pas d'appeler sur eux une critique de plus en plus vive du monde entier.

Je connais la vérité sur mes incidents et le déroulement de mon procès mieux que personne. Je suis spécialite en la matière et mieux placé qu'aucun avocat. J'espère que les membres de mon groupe de soutien comprennent cela et se mettent en action bien en harmonie avec mon intention et mon avis, ce qui rendrait nos actions plus efficaces.

Mercredi 31 juillet 2002

Une chaleur accablante. Maria est venue me rendre visite vers dix heures. Elle m'a rendu compte de sa visite au barreau d'Osaka, accompagnée de mon frère cadet. Un avocat lui a rendu les honoraires qu'elle avait versés lors de sa visite précédente, puisqu'il s'agissait d'une recherche d'avocat, et non de consultation légale. Un avocat, Me S. avait recommandé à Maria qu'un avocat avec beaucoup d'expérience conviendrait mieux à mon cas. Auquel elle a répondu que l'on préférait un avocat jeune et en pleine forme. Le Me S. a donc mis environ trois heures à la recherche d'un avocat, avant de tomber sur le Me N. Le Me S. fait sa carrière aussi bien dans les affaires criminelles que dans les affaires civiles. Une personne honnête. Il avait travaillé pour une banque. J'espère qu'il connaît bien la matière en ce qui concerne les chèques et les affaires immobilières.

La session de la Diète a pris fin. On s'attend à une réforme du cabinet ministériel en septembre. Je prie pour que le ministre de la Justice, Madame Moriyama, ne profite pas de cette occasion pour donner l'ordre d'exécution.

Aujourd'hui, au soixante-quatrième anniversaire, je me rends compte que j'ai passé vingt et un ans, soit un tiers de ma vie, dans le centre de détention d'Osaka. Après les quarante-trois ans que j'avais passés dans la vie active, je mène ici une autre vie, sur les dimensions toutes différentes. Ce changement a obligé à ma famille de surmonter des difficultés inombrables. J'espère que ma famille a connu des approfondissements spirituels. Je suis reconnaissant du fond de mon coeur à tous ceux qui m'ont donné des soutiens et qui m'ont aimé. Je prie Dieu qu'il les remplisse de sa lumière.

L'administration de la maison m'a donné comme un cadeau de mon anniversaire, des alimentations que l'on peut pas acheter d'ordinaire dans la prison. Comme chaque année, j'en ai reçu avec remerciement.

Vendredi 16 août 2002

On fait sécher les literies des détenus. La maison avait annulé la dernière fois à cause de la pluie. Cela fait donc persque six mois. Comme on est en été, il n'y a pas de couverture. En été, je n'utilise pas de matelas et me couche sur le drap mis à ras le sol sur les "tatami." Je demande donc mon matelas pour le faire sécher le coton.

Une projection de video-casette, vers onze heures. J'ai choisi un fild hollywoodien "Trueman Show."

Vers deux heures de l'après-midi, je reçois la deuxième visite de Me N. On a discuté la question de savoir comment former l'équipe d'avocats qui me défendrait pour la réouverture de mon procès. Le Me N. ne prendra pas mon dossier en charge à lui seul et veut que l'on travaille en équipe. Il me faut donc chercher encore un ou deux avocats.

Lundi 19 août 2002

L'hôtel de ville d'Osaka m'a fait parvenir une code d'habitant, d'après la loi sur le registre des habitants. Il s'agit d'un système de numérotation exhaustive des citoyens. Quel serait le mérite que le système apporterait aux habitants? Une politique incompréhensible. Ce sera pratique pour l'État pour contrôler les citoyens, qu'il traite désormais comme des robots.

Jeudi 22 août 2002

La fête de sainte Marie, la reine des cieux. Je remercie notre mère spirituelle, de nous remplir de son amour et de sa grâce. L'administration avait prévenu de servir de la pastèque au dîner. Elle a changé d'avis et servi de la glace. Comme ils servent le plat et la glace ensemble, on est obligé de prendre de la glace d'abord, avant qu'elle ne se fonde, ce qui gâchit le goût du plat. Je préfèrerais que l'on nous en serve dans la journée, quand il fait chaud.

Le nombre des détenus dans la maison a dépassé le cap de deux mille, tandis que l'on en comptait environ 1.200 il y a vingt ans. Ce qui est hors de la capacité des cuisiniers.

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